Beaucoup d'articles de magazines spécialisés ont déjà traité du sujet. En Corse, l'escalade serait à l'image des clichés de terre de beauté, terre de violence, une escalade dite "escalade aventure" où seuls ceux qui ont les "cojones" bien accrochées et qui manient friend et coinceur avec brio seraient autorisés à s'exprimer. Lorsque sur le Continent, on parle de grimper en Corse, le grimpeur érudit montre aussitôt l'étendue de sa connaissance en citant le massif de Bavella, où escalade rime avec engagement. Quant à l'escalade sportive, elle existerait certes, mais uniquement dans le calcaire du Nord de l'île, près de Saint Florent et dans des cotations réservées à une élite... Combien de fois ai-je rencontré des grimpeurs qui n'avaient jamais fait le petit saut vers l'île de Beauté simplement du fait de cette réputation. | |
Erreur ! Car bien que cette réputation
ne soit pas usurpée (il faut effectivement faire preuve d'engagement pour enchaîner
certaines grandes voies à Bavella ou en face nord de la Paglia Orba), il existe dans la
région d'Ajaccio deux sites majeurs où l'escalade sportive s'est développée pour le
plaisir de l'homo verticalus commun. J'entends par là le grimpeur habitué à évoluer
dans des cotations qui ne nécessitent pas un entraînement intensif et une hygiène
alimentaire draconienne, habitué à s'assurer sur des points d'ancrage qui ne sont ni des
spits feuilletés par la rouille, ni de vieux pitons rouillés, ni de vieux coins en bois
ou autre "bong", et qui ne connaît du coinceur et du friend que la description
technique qui en est donnée dans un vieux numéro de Vertical ou Montagne Magazine. Si vous êtes de ceux là, il existe donc près d'Ajaccio deux sites qui feront votre bonheur : Le Monte Gozzi et la vallée de la Richiusa. |
Situé à 18mn de la sortie du bateau (je le sais, j'ai chronométré la dernière fois), le Monte Gozzi est un monument de l'escalade en granit, et je pèse mes mots. Je vous mets au défi de trouver un pareil granit ailleurs. Le granit Corse a cette particularité que les scientifiques n'ont pas encore réussi à expliquer, son érosion ! Et qu'est-ce que l'érosion sinon ce phénomène qui procure son plaisir au grimpeur. Ici, le granit n'a rien à voir avec ces grandes dalles fracturées en diaclases et autres dièdres où les grimpeurs deviennent des hiéroglyphes à force d'enchaîner les dulfers. Au pied des voies, vous aurez l'impression d'avoir affaire à une falaise calcaire peinte en orange tant ce relief est torturé. Mais ne vous y trompez pas, après quelques mouvements sur ce rocher hyper adhérant, vous aurez vite compris que vous êtes sur un rocher unique. Les meilleures périodes pour grimper au Gozzi sont l'automne et le printemps. En hiver, ça résurge un peu mais c'est très agréable au soleil. En été, on cuit à partir de treize heures. Rêvez un petit peu devant ces quelques photos... |
"Saga Corsica", une des merveilles du Gozzi. |
Que ce soit au Gozzi ou dans la
Richiusa, l'équipement initial a été réalisé par Jean-Toussaint
CASANOVA. L'association CORSICA ROC dont il est le fondateur continue de faire
vivre les sites en équipant de nouvelles voies et en rééquipant celles dont les spits
d'origine ont un peu vieilli.
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Pour plus d'infos, vous pouvez contacter Thierry Souchard ou Bertrand Maurin : escalade.corse.topo@free.fr Un nouveau topo est maintenant disponible (Édition 2006). Vous trouverez les différents points de vente sur leur site. (http://escalade.corse.topo.free.fr)
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