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IMPRESSIONS DE VOYAGE

 

En partant au Laos, nous pensions retrouver la douceur et la tranquillité que nous avions appréciées au Myanmar. Les guides de voyages étaient unanimes pour décrire ce petit pays comme un havre de paix, certains allant jusqu'à citer ce proverbe thaïlandais que l'on entend souvent : " Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser, les Laotiens, eux, l'écoutent pousser ".

A en croire les experts voyagistes de la région, les Laotiens seraient adeptes d'une vie tranquille, exempte de stress et doucement rythmée par les gongs des pagodes. Ceci était peut-être encore vrai il y a peu de temps, mais le monde change, et même s'il ne s'est ouvert que depuis peu au tourisme, le Laos semble bien décidé à prendre en marche le train de la modernité en suivant l'exemple de son voisin Thaïlandais. Les téléphones portables sont partout, même dans les plis des robes des bonzes, et peu d'endroits sont maintenant épargnés par les émissions et les publicités de la télévision thaïlandaise, véritables sirènes de la vie moderne qui attirent les jeunes des villages dans les villes.

Ce petit pays communiste que la communauté internationale a oublié de classer dans les dictatures essaie aujourd'hui de faire le grand écart politique entre son mentor communiste Vietnamien et son cousin Thaïlandais ultra libéral. Si le gouvernement garde " grande face ", comme on dit là-bas, en entretenant un système de parti unique, une censure et une police secrète digne de Staline ou de Mao, les membres corrompus de son administration ont bien compris que le développement d'un secteur privé sévèrement taxé était une manne qu'il ne fallait pas négliger pour engranger les bakchich.

Malgré tout cela, nous ne vous déconseillerons pas d'aller au Laos. Ce sombre tableau n'est que le reflet de la dure désillusion qui nous a anéantis pendant les deux premières semaines de notre voyage. Si nous avions su, nous l'aurions organisé bien différemment.

Notre première erreur a été de croire que nous pourrions nous reposer là bas, dans la petite ville " paisible " de Luang Prabang. Nous sommes partis fatigués, voire épuisés, par une année de boulot, et en fait de coin paisible, nous avons débarqué dans une ville en pleine effervescence où il est quasiment impossible de trouver une guest-house paisible. Il y a des bruits de chantiers absolument partout de 6h du matin à 11h du soir. Ce n'est qu'après plusieurs jours, en sortant de la ville, que nous avons réussi à trouver un peu de repos dans les bungalows de la ThongBay guest-house.

Notre deuxième erreur a été de croire que Luang Prabang était une destination peu fréquentée et préservée des excès de l'influence touristique par son classement au patrimoine de l'humanité. Il n'en est rien. Nous avons pu constater sur place que si l'Unesco se charge de sponsoriser les restaurations architecturales, rien n'est fait pour endiguer l'influence néfaste des flots de touristes sauvages venus des plages de Thaïlande pour faire un tour dans ce qui est devenu un disneyland du boudhisme. Ne vous attendez pas à trouver à Luang Prabang des voyageurs respectueux des traditions et de la culture de ce pays. Les bus des agences de voyages et des hôtels déversent des groupes entiers qui enchaînent les visites de temples au pas de course, au milieu des moines et des fidèles en train de prier, derrière un guide local qui débite bruyamment son discours de présentation pendant que les flashs crépitent. Vu la qualité des visiteurs auxquels ils ont à faire, il n'est pas étonnant que la plupart des visages des locaux se ferment. La différence entre les Laotiens rencontrés à Vientiane et Luang Prabang est saisissante de ce point de vue. Le rouleau compresseur de l'industrie touristique est en marche et il est en train de laminer la bonne humeur des habitants de Luang Prabang, Juste le temps pour les voyagistes du monde entier de surfer la vague économique éphémère d'une destination à la mode…

Heureusement, après une bonne semaine, quatre jours de repos nous ont permis de digérer nos désillusions et d'organiser notre évasion de Luang Prabang. Le point fort de notre voyage a été notre rencontre avec les Hmongs, au terme de deux jours de trek dans les montagnes par des sentiers si peu parcourus que notre guide devait parfois les tailler à la machette. Enfin un peu d'humanité avec de véritables rencontres où chacun fait la moitié du chemin qui mène à l'autre pour réaliser un vrai PARTAGE.

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