Pollution, embouteillage, bruit, saleté, la ville mythique de Katmandou, saturée par 1.5 millions d'habitants, n'est plus que l'ombre d'elle-même.
1Katmandou - Thamel Vers 8h, le taxi nous dépose à l'entrée de Thamel. A peine descendus de la voiture, nous sommes déjà harcelés par les rickshaws et les vendeurs à la sauvette. Le quartier est vraiment impressionnant par la diversité des produits que l'on peut y trouver. Du souvenir bas de gamme aux bijoux de luxe, en passant par le matériel photo ou les équipements de montagne Black Diamond, Thamel est une caverne d'Ali Baba pour le chineur.
2Katmandou - Thamel Adeptes du trek urbain, nous avons décidé de traverser Kathmandou à pied. De Thamel à Durbar Square, nous descendons vers le sud en zigzaguant par les ruelles. Les rues sont ponctuées de petits temples hindous, toujours honorés par quelques colliers de fleurs ou traces de poudre rouge. La densité de gens, motos, porteurs, voitures est effarante. Chacun de nos pas est rythmé par un coup de klaxon, un cri, une sollicitation. Tous nos sens doivent rester en éveil pour éviter de nous faire bousculer, renverser ou de nous tordre une cheville.
3En route vers Durbar Square Les rues sont saturées d'ordures. Avec leur arrivée au pouvoir, les maoïstes ont apporté le concept de grève. Les Népalais l'utilisent à tour de bras et en ce moment, ce sont les éboueurs de Katmandou qui refusent de travailler. Nous ne sommes qu'au sixième jour de grève. Dans quelques jours, ils commenceront à brûler les poubelles à même les rues. Dans le journal, nous avons lu également qu'à Pokhara, la plaque tournante de l'industrie du trekking himalayen, les personnels hôteliers étaient en train de paralyser la ville.
4Durbar Square Après deux heures de marche, nous atteignons Durbar Square et nous nous acquittons de la taxe de 200 roupies (environ 18 €) par personne puis nous dirigeons vers Basantapur Square.
5Durbar Square Sur Basantapur Square, la grande place au sud du palais, des centaines de mètres carrés sont occupés par les étals des vendeurs de souvenirs. Pas moyen de faire cinq mètres sans se faire solliciter. On se croirait sur la place Jemaa el Fna à Marrakech. Nous fuyons pour nous engouffrer dans l'immeuble d'un restaurant, poursuivis par un vendeur qui, tel un commissaire priseur devenu fou, annonce des prix de plus en plus bas pour le moulin à prières que nous avons eu le malheur de regarder. Nous déjeunons au Festive Fare mais ce n'est pas fameux. Heureusement que la vue est belle !
6Durbar Square Après avoir lu tant de magnifiques descriptions de ce site, nous nous attendions à un superbe endroit calme et tranquille, mais Durbar Square s'avère être un bruyant carrefour routier. C'est comme si l'on demandait aux touristes de payer pour visiter la place de la Concorde à Paris. Et les militaires contrôlent que vous avez bien payé l'entrance fee. D'ailleurs, par trois fois, nous nous sommes fait contrôlés. Nous découvrons l'endroit mais sans passion. La circulation est telle que nous sommes obligés de nous réfugier sur les marches du temple Trailokya Mohan Narayan pour admirer ce grand Garuda.
7Durbar Square - Temple de Shiva et Parvati Les monuments intéressants ne sont pas visitables, ils sont soit réservés aux hindouistes, soit fermés. Où est le havre de paix que nous a montré Laurent Bignolas dans « Faut pas Rêver ». Avaient-ils fermé les rues pendant le tournage de l’émission ? Pas moyen de se poser deux minutes pour admirer un monument ou une statue. Les sollicitations sont permanentes, parfois même agressives. Guides, rickshaws, gamins, vendeurs, klaxons, tout le monde s'y met. La seule parade consiste à jouer l’indifférence. Mais certains insistent lourdement. Un guide nous a sorti toutes les phrases qu’il connaissait en langues étrangères jusqu’à ce que nous en comprenions une : « lâche-moi les baskets »…
8Durbar Square - Temple Maju Deval Difficile d'admirer le Maju Deval, vue l'agitation ambiante. Le seul moyen est de s'installer sur les marches du temple voisin de Trailokya Mohan Narayan pour éviter de se faire renverser. Il y a à peine 30 ans, il n'y avait ici que des vaches, pas de voitures, pas de motos, et surtout pas le bruit qui va avec...
9Vishnumati River Ce matin nous avons rencontré une française qui vit à Katmandou. Arrivée ici avec les beatniks, elle a vécu toute l’évolution de Katmandou des trente dernières années, et ses prévisions pour l’avenir sont plutôt pessimistes. Pour illustrer ses propos, elle nous a conseillé de nous rendre sur les berges de la rivière Vishnumati qui témoigne de l’explosion démographique de la ville. En 10 ans, la population de Katmandou a triplé mais les infrastructures n'ont pas suivi. Selon elle, les principaux responsables sont les maoïstes. Les années de terreur de la guérilla menée dans les campagnes ont vidé les villages et drainé vers Katmandou de nombreux paysans des montagnes.
Aujourd'hui, la rivière n’arrive plus à absorber la quantité de déchets produite par cette surpopulation, et la multitude de touristes arrivant chaque jour à Katmandou pour partir faire du trek en Himalaya accélèrent également ce phénomène.
10Vishnumati River Partout sur les rives des détritus. Des enfants les fouillent à la recherche d'on ne sait quoi... peut-être une filière de recyclage...
11Vishnumati River L'eau qui coule est grise, presque noire, dense, on dirait du pétrole. Des carcasses d'animaux sèchent au soleil, dépiotées par les chiens et les oiseaux. Même avec le masque sur le nez, l'odeur est insupportable.
12Vishnumati River Au centre de Katmandou, des centaines d'oiseaux, corbeaux et rapaces volent au-dessus de cette décharge que l'eau n'arrive plus à entrainer vers le sud et l'Inde. Autrefois, la rivière était beaucoup plus profonde. D'années en années, les restes des crémations, les cadavres et les tonnes de déchets, s'accumulent à un point tel que la mousson ne peut plus les évacuer.
13Vishnumati River Des buffles attendent de se faire découper en morceau, alors que des viscères pendent sur un poteau à deux pas. Ca sent la charogne, nous devons être dans le quartier des abattoirs.
14Rues de Katmandou On nous avait prévenus, Katmandou est une ville polluée. Mais que signifie « pollué » ? Paris ou Grenoble sont pollués mais ici, on devrait plutôt parler d’insalubrité que de pollution. Surpopulation, circulation intense, essence trafiquée, groupes électrogènes, humidité, brûlage des déchets... et tout cela dans une vallée où l'air peine à se renouveler. Katmandou, ville au bord de l'asphyxie, a eu raison de nos poumons. Le voyage s'est mal fini pour nous : à l'hôpital avec une pneumonie pour l’un, et avec plusieurs mois d'asthme et de traitement pour l'autre. Pas étonnant que l'espérance de vie des Népalais soit aussi basse…